Écoutez l’histoire intégrale d’Aziz ici :
Abdulaziz Al-Nemer est né il y une trentaine d’années à Dammam, en Arabie saoudite. Originaire d’une région très plate, il n’a, dans sa jeunesse, quasiment jamais eu affaire à la nature, en dehors du cadre de la plage ou des dunes de sable.
Après le lycée, Aziz, comme on l’appelle aujourd’hui, entre à l’université aux Etats-Unis, quelque part dans la banlieue de Phoenix, en Arizona. Premiers regards jetés vers les montagnes environnantes, première attirance, sans doute les prémices de ce qui deviendra ensuite la passion et le métier de ce jeune homme, un monde à découvrir.
Le combat contre la dépression
Malheureusement, les premiers jours, semaines, et mois d’école ne se déroulent pas comme prévu. La personnalité d’Aziz ne matche pas avec le style de vie en dortoir, à l’américaine. Sur le campus, il peine à s’intégrer, se sent mal, commence à sécher certains cours, et voit ses notes s’effondrer.
Appelé par les conseillers de son école à redresser la barre, il consulte et finit par mettre le doigt sur le problème : Aziz est en dépression. On lui conseille de prendre des médicaments. Persuadé qu’il peut parvenir à se tirer de sa situation sans recourir à une aide extérieure, il décide de se reprendre en main et se tourne vers le sport. Et la mayonnaise prend. Rapidement, soulever de la fonte et courir ne lui suffisent plus. Son niveau de forme est tel qu’il préfère se tourner vers la randonnée.
La nature comme médicament
Au départ, il se lance dans des treks plutôt courts. Mais la grimpe au sommet de la montagne locale pour assister au coucher ou au lever du soleil se transforme vite et ses sorties durent bientôt une journée entière, un weekend entier, une semaine entière. Conséquence directe, ses notes s’améliorent et le jeune étudiant finit par obtenir son diplôme avec les honneurs : “Je pense que l’on peut dire que la nature a eu sur moi un effet thérapeutique”, raconte-t-il.
Une expérience unique
Elle part de Californie, aux Etats-Unis, pour se terminer en Colombie Britannique, au Canada, et traverse différentes parcelles aux climats et aux environnements très différents : désert, forêt, montagne, etc. Sur le chemin, Aziz rencontre des difficultés mais il s’accroche : "J’ai pensé à abandonner des millions de fois. On raconte que partir dans ce genre de trek vous fait découvrir le sens de la vie mais je n’y crois pas vraiment. En général, on pense plutôt à ses besoins physiologiques et à sa survie, à l’eau, à la nourriture… Personnellement, je rêvais de manger des glaces assez souvent. Cela peut paraître superficiel mais c’est comme ça".
Pragmatique, l’aventurier saoudien, que l’on surnomme Ramen Shaman dans ses déambulations -une occasion de se réinventer, selon ses propres mots- fait également face à la solitude. "Dans certains endroits, comme le désert, tous les randonneurs tournent autour des mêmes endroits, des sources d’eau, alors c’est amusant, on fait beaucoup de belles rencontres. Mais dans d’autres, on est seul pendant de longues périodes, et on doit être capable de le supporter. Il n’y a pas non plus de réseau, alors on peut vraiment se sentir isolé".
Changement de vie définitif
Nul besoin de préciser qu’après une telle aventure, revenir à une vie de bureau était impensable. Au contraire, le jeune homme prend une direction beaucoup plus en adéquation avec ses aspirations personnelles et entame une formation pour devenir un guide éco-touristique et vivre de sa passion.
Avec une certification obtenue auprès du collectif “Leave no trace”, il est maintenant en mesure de faire découvrir les étendues sauvages d’Arabie saoudite à ses compatriotes et aux touristes. Après tout, le pays est désormais ouvert à tous et regorge de paysages magnifiques à découvrir. En outre, il documente ses voyages dans sa page Instagram “Aziz Walks” qui connaît une belle croissance et totalise aujourd’hui plusieurs milliers d’abonnés. Une histoire inspirante comme on n’en fait plus !