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10/4/2019

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Art & Culture

« La musique, c’est la musique » - Gauthier Herrmann

Dans la pénombre de la salle Cortot, Gauthier Herrmann pince délicatement les cordes de son violoncelle, la gorge collée à la volute de son instrument. Dans quelques heures, sa troupe, Artie’s, et lui-même produiront sur scène, un concert à la saveur particulière : il s’agit du premier concert de la troupe à Paris après plusieurs années d’un marathon de représentations qui les a portés aux quatre coins du monde, du Bahreïn à l’Inde, en passant par l’Arabie saoudite… En marge des dernières répétitions, le violoncelliste revient sur ce tour du monde, une aventure humaine avant tout.

Dans la pénombre de la salle Cortot, Gauthier Herrmann pince délicatement les cordes de son violoncelle, la gorge collée à la volute de son instrument. Dans quelques heures, sa troupe, Artie’s, et lui-même produiront sur scène, un concert à la saveur particulière : il s’agit du premier concert de la troupe à Paris après plusieurs années d’un marathon de représentations qui les a portés aux quatre coins du monde, du Bahreïn à l’Inde, en passant par l’Arabie saoudite… En marge des dernières répétitions, le violoncelliste revient sur ce tour du monde, une aventure humaine avant tout.

C’est quoi Artie’s ?

Dans notre parcours un peu atypique, il se trouve que nous avons construit notre carrière de musiciens autour du voyage. Nous avons eu la chance de faire depuis maintenant 11 ans plus de 50 pays dont des pays qui ne sont pas forcément sur la feuille de route des musiciens classiques habituels. Je pense à l’Arabie saoudite, je pense au Koweït, je pense à l’Inde, je pense à la Malaisie etc. Nous nous sommes amusés à développer un projet basé sur l’amitié, la bienveillance, la curiosité.

« Nous », c’est qui ?

La famille Artie’s, c’est une famille de musiciens très large. Nous sommes une soixantaine à être passés dans le projet depuis le début. En fait, nous sommes une bande de copains. Personne n’appartient à cette société qu’est Artie’s.

"Certes, mon métier reste de jouer des quatuors sérieux mais pourquoi, dans un même concert, ne pas véhiculer l’image que la musique, c’est la musique, et on n’a pas besoin d’être spécialiste de tel ou tel univers pour l’apprécier."

Gauthier Herrmann

Comment est né le projet Artie’s World Tour ?

Nous nous sommes dit un jour : « On va aller voyager partout dans le monde. » Les voyages se sont enchaînés, se sont succédés, parfois en trio à trois musiciens, parfois jusqu’à l’orchestre. Nous nous sommes dit : « Puisqu’on fait tous ces voyages, pourquoi on ne les réunirait pas sous un seul projet, qui s’appellerait Artie’s World Tour, le tour du monde en 80 concerts ? »

Gauthier Herrmann

Comment jugez-vous l’appréciation de votre musique à l’étranger ?

Notre métier c’est de faire de la musique classique. Mais je n’aime pas trop ce clivage et le fait de dire : « C’est classique, c’est baroque, c’est jazz, c’est pop, c’est fusion. » Evidemment, mon métier à moi c’est de jouer du Beethoven, du Ravel, du Fauré. Mais quand on va jouer en Arabie saoudite, on va jouer avec des musiciens saoudiens et on va essayer de se tourner vers une fusion. Si on va jouer en Inde on va jouer du Bollywood. Si on va jouer en Chine, on va jouer des airs de pop chinoise à la fin. L’idée, c’est de pouvoir rapprocher un peu les peuples et se dire que la musique c’est un tout. Alors certes, mon métier reste de jouer des quatuors sérieux mais pourquoi dans un même concert ne pas véhiculer l’image que la musique, c’est la musique, et on n’a pas besoin d’être spécialiste de tel ou tel univers pour l’apprécier.

"Pour nous, c’est très amusant de nous retrouver avec des programmes qui ont déjà tourné dans le monde entier et de venir les jouer dans cette magnifique salle Cortot parisienne."

Gauthier Herrmann

Vous jouez beaucoup à l’étranger mais rarement en France…

L’aventure Artie’s, c’est une aventure qui s’est vraiment développée à l’international. Nous faisons tout de même 80 concerts par an depuis dix ans. Finalement, c’est assez amusant mais nul n’est prophète en son pays, nous jouons assez peu en France et très peu à Paris. Pour nous, c’est très amusant de nous retrouver avec des programmes qui ont déjà tourné dans le monde entier et de venir les jouer dans cette magnifique salle Cortot parisienne. C’est vraiment quelque chose d’agréable parce que nous jouons devant nos amis, la famille, devant les gens que nous côtoyons et qui nous croisent avec une boîte sur le dos sans vraiment vraiment savoir ce que nous faisons comme métier. Donc ce soir, c’est l’occasion de venir leur dire : « Quand on vous appelle et qu’on est à l’autre bout du monde, c’est ça qu’on fait. »

Parlez-nous de ce concert.

Ce soir c’est un concert de musique classique mais, à l’image de ce que nous faisons avec Artie’s, nous allons mélanger les genres. C’est à dire que j’ai invité quatre musiciens qui sont au violon, alto, violoncelle et piano et nous allons jouer des oeuvres de Brahms, Korngold, Mozart. J’ai demandé à deux musiciens de cabaret de venir nous rejoindre pour parler des sujets qui m’intéressent. Il se trouve que le sujet de ce soir, c’est le voyage et la mort. La mort n’est pas un sujet festif mais pourtant, avec ces deux amis, c’est une manière très amusante de s’adresser à elle.

Pourquoi ce thème en particulier ?

Nous allons ouvrir le concert avec une pièce qui m’a été fraîchement composée et dédiée par un ami compositeur qui s’appelle Eros Babylone. Cette pièce s’appelle La Mort des Amants et elle fait partie d’un conte oriental que nous avons composé suite à une visite que nous avons faite à AlUla en Arabie saoudite en janvier. Le conte oriental comporte douze pièces et celle-ci est la troisième.