A 35 ans, Ula Bin Himd a déjà pas mal vadrouillé : l’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Egypte, le Liban et enfin la France. L’itinéraire n’est pas celui d’une globe-trotter en sac à dos, mais d’une étudiante en médecine, devenue docteur en chirurgie plastique. A ouïr son enthousiasme lorsqu’elle évoque son parcours, on comprend que celui-ci était tout tracé.
« Comprendre le corps humain »
« J’ai choisi de faire médecine parce que quand j’étais petite, j’ai adoré mes cours de sciences et biologiques, raconte-t-elle dans un français parfait. Je voulais toujours comprendre le corps humain, comment il fonctionne, pourquoi on tombe malade, comment les médicaments agissent. » Le choix de sa spécialité – la chirurgie plastique -, aussi, sonne comme une évidence. « Pour moi, c’est la spécialité qui aide à guérir pas seulement le corps mais aussi le côté psychologique des patients », insiste-t-elle, sourire aux lèvres.
"La santé représente un secteur d’activité très important en France."
Ula Bin Himd
Après des études en médecine en Jordanie, un doctorat glâné en Egypte, un externat au Liban – où elle a appris la langue de Molière – et deux ans de résidence à l’Hôpital des Forces armées du Roi Fahd à Djeddah, sa ville natale, Ula décide donc de se tourner vers la France où elle aspire à peaufiner son expérience. Mais pourquoi la France, diriez-vous… « La santé représente un secteur d’activité très important en France, le programme de spécialité a une excellente réputation surtout en chirurgie plastique », justifie la jeune femme qui avoue également avoir un attrait particulier pour « la culture et les traditions » de l’Hexagone.
Plan blanc
Aujourd’hui, Ula est bien en France. Elle y termine même son neuvième semestre de spécialité, à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris. Une pige que la Saoudienne a vue chamboulée par l’épidémie de coronavirus qui a surchargé les hôpitaux de France.
« Mon stage ici se termine normalement fin avril mais il a été prolongé pour un mois renouvelable au regard de la crise sanitaire », confirme-t-elle.
Si, au premier abord, par sa spécialité, Ula n’a pas vocation à prendre en charge les patients atteints du Covid-19, elle se retrouve néanmoins aux premières lignes de la lutte contre l’épidémie, et ce à la faveur du « plan blanc », déclenché le vendredi 6 mars 2020 dans les hôpitaux des régions les plus touchées en France, et élargi à tous les hôpitaux de France le 13 mars. « Concrètement, cela veut dire que les internes en chirurgie, par exemple, peuvent se trouver à faire le travail d’un médecin anesthésiste, celui d’une infirmière ou d’un aide soignant ou de faire des activités différentes de leurs activités habituelles », explique le médecin.
Situation tendue
La tâche ne s’annonce hélas pas de tout repos. « La situation a été tendue pendant les deuxième et troisième semaines de confinement avec une activité en augmentation à Necker le 6 avril avec 56 patients hospitalisés dont 40 en secteur adulte et 16 en pédiatrie. 26 patients ont été hospitalisés en réanimation médico-chirurgicale avec deux cas de décès« , énumère l’interne. A cela s’ajoutent quelques problèmes d’équipements à en croire Ula : « Au début de la crise, les masques chirurgicaux ont disparu, puis on a commencé à en avoir au fur et à mesure. »
"On travaille sans hésitation. On travaille avec le cœur car finalement notre but c’est de bien soigner et soulager les patients et les aider à sortir de cette phase difficile."
Ula Bin Himd
Malgré le stress et l‘incertitude qu’implique la crise, la jeune femme reste fidèle au serment d’Hippocrate. « On travaille sans hésitation, avoue-t-elle. On travaille avec le cœur car finalement notre but c’est de bien soigner et soulager les patients et les aider à sortir de cette phase difficile. »