« J’aime la mode depuis mon enfance. Ma mère est une artiste, une cuisinière hors pair et une créatrice d’abaya à Jeddah, et l’amour de mon père pour l’histoire de l’art nous a conduits aux musées lors de nos multiples voyages, il m’a inculqué l’amour de l’art et de la mode dès mon plus jeune âge ».
Depuis ses premiers croquis jusqu’à l’envol de sa marque éponyme en 2015 en Arabie saoudite, Arwa a tenté de retranscrire son attachement à sa culture, tout en offrant aux femmes des créations dans lesquelles “elle se sentiraient bien”, comme elle l’avoue elle-même.
« J’aime aussi fusionner mon héritage saoudien avec des créations modernes qu’une femme en Arabie Saoudite peut porter et qu’une femme internationale en Europe ou aux Etats-Unis peut aussi orner. »
Arwa Al Banawi
L’authenticité de chacune de ses pièces est sans aucun doute ce qui lui a valu, un temps, la reconnaissance locale, et qui lui permet aujourd’hui de postuler à une place internationale dans l’univers de la mode. Sa marque est un miroir de son identité : complexe, riche, fière de son héritage saoudien, et ouverte sur monde à l’image d’une jeune génération saoudienne mondialisée.. .
« J’aime tout fusionner »
Passé le leg parental et saoudien, c’est sans doute à Munich, en Allemagne, que Arwa a eu l’étincelle pour la mode. Son grand-père y a passé un temps considérable pendant son enfance, et à chaque visite, son esprit se retrouvait subjugué par les looks streetwear qu’elle voyait défiler dans la rue. Ses quelques passages à Paris, durant sa jeunesse, y ont aussi grandement contribué.
« J’aime fusionner tout ce qui est dans ma vie et le faire ressortir dans mes collections. J’aime aussi fusionner mon héritage saoudien avec des créations modernes qu’une femme en Arabie Saoudite peut porter et qu’une femme internationale en Europe ou aux États-Unis peut également orner », explique-t-elle.
L’amalgame de ses expériences vécues façonne chaque costume élégant, chaque pantalon structuré et chaque robe fluide qu’elle propose, éclaboussant de couleurs inattendues les garde-robes de ses aficionadas.
L’inspiration moderne
Mais sa mère-patrie reste l’inspiration centrale et indéniable de ses oeuvres. Et le clin d’oeil au patrimoine saoudien ne se cantonne pas aux quelques verbatim flanqués sur ses tops. Arwa voue, par exemple, un véritable culte au tissu traditionnel du sedu qui s’impose comme le matériau de signature de la marque. A travers lui, la jeune créatrice honore les différentes régions du royaume et leurs artisans respectifs en intégrant dans ses pièces les nombreuses variantes de ce tissu.
Sa dernière création, “Al Hilm Al Saoudi” – “le rêve saoudien”, en arabe – est un autre hommage. Il s’agit d’une collection qui renvoie explicitement aux changements sociétaux qui s’opèrent aujourd’hui en Arabie saoudite à grands coups de réformes progressistes.
"J’aime regarder les talents émergents pour pouvoir collaborer avec eux afin de diffuser la culture"
Arwa Al Banawi
Et ce n’est pas pour déplaire à la créatrice, qui se dit ravie et excitée d’être témoin de ces métamorphoses, « en particulier celles qui favorisent l’autonomisation des femmes ». Tous ces changements, explique-t-elle, « ressemblent à un rêve, mais sont en fait une nouvelle réalité ».
Collaborations artistiques
L’autre lubie saoudienne d’Arwa, ce sont les artistes locaux. « J’aime regarder les talents émergents pour pouvoir collaborer avec eux afin de diffuser la culture, dit-elle. Il y a beaucoup de talents et je voulais que tout le monde le voie, parce que quand je dis que la mode est une culture, c’est vraiment le cas c’est de la musique, c’est l’art, c’est la photographie, c’est célébrer les peuples. »
La musique, tout comme la photographie, s’avère essentielle pour sa marque. Son dernier projet est le fruit d’une collaboration avec l’artiste hip-hop saoudien Majid. Les deux jeunes créatifs ont uni leurs forces pour créer un titre incarnant « tout ce à quoi la culture de la jeunesse se rapporte ».